L'atelier des Arpenteurs

et leurs petits objets cartographiques

Je vais cabaner

Projet lié : Souvenirs de cabanes

Égaré, je le suis jusqu’à ce que mon regard lise une surface plane qui se découvrait de loin au flanc d'une colline raide, entouré d'olivettes et de broussailles.1L’intuition me guide et me galvanise, je franchis le grillage ceinturant un espace arboré avec des endroits épais et denses, j’avance à petits puis moyens puis grands pas vers l’arrière d’un tilleul, d’un micocoulier et de trois cyprès. Là, les yeux fermés, je caresse le tronc d’un vieux mûrier blanc autour duquel on a édifié une cabane.

Autrefois, des cabanes, j’en imaginais, caché que j’étais sous les foins ou sous les longues pièces de tissu étirées entre deux chaises. Il fallait faire feu de tout bois quand on passait du clos extérieur, le verger réduit, au clos intérieur, la pièce à vivre – les femmes s’affairaient, la mémé au panier de coings à mettre en compote, la mère à la soupe du soir avec le « spèce de grand bauban qu't'es bête ».2

Ici, en fin de journée, une éphémère structure perdue de solitude... l’horizon tendu sans un souffle… mon allégresse débordant des planches qui enserrent sans le froisser le tronc du vieux Morus alba.

C

C

  1. Ainsi l’écrit Julien Gracq dans Syrtes en 1951.
  2. Patois de la Sarthe, pour "grand nigaud, que tu es idiot"

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