L'atelier des Arpenteurs

et leurs petits objets cartographiques

Morus alba

Projet lié : Souvenirs de cabanes

Tu ne fournis pas de fruits emplis d’huile comme l’olivier, tu n’embaumes pas l’automne comme le néflier du Japon, tu n’as pas la première floraison printanière comme l’amandier, tu n’éblouis pas de tes corolles vermillon comme le grenadier, tu ne donnes pas de fleurs à infuser comme le tilleul. Les gamins ne savent plus s’empiffrer de tes grappes douceâtres ni donner, dans leurs pupitres, ton feuillage aux vers à soie qui s’en nourrissent.

Les arbres se défont à l’intérieur d’une sphère de brouillard

Le parti pris des choses, Francis Ponge, 1942

Tu protèges les petits rongeurs, parfois le faucon crécerelle, souvent l’abeille charpentière, tu es droit ou tordu tel un humain, et surtout, on s’envole en suivant des yeux le contour dentelé de tes feuilles, jamais le même. Il suffit à la paume d’effleurer leurs nervures et les mémoires se réveillent : les cavités dans le figuier du Mans, la grange délabrée de l’Isle-sur-la Sorgue, le gourbi de l’avenue de la Libération, les cagettes à lapins de Sumène, les loges à pigeons voyageurs de pépé, les jardins ouvriers sur les rives de l’Huisne, les cabines de plage au Havre, les hangars à tabac et les roulottes de « gitan » à Vineuil, la minuscule chambre occupée au-dessus du port de Chania. La cabane du misérable, la chaumière du paysan, la hutte des forêts que les dictionnaires nous rappellent, elles illustrent le Poétiser le proche, le simple, le commun.1

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  1. L’intellectuel américain, R.W Emerson, 1837

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